Droite, gauche et régularisation des travailleurs migrants - Particularisme et universalisme

 

 

par Emiliano Alessandroni (ici sur l'auteur)

 9 Mai 2020

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La bataille pour la régularisation des travailleurs migrants (dont ce que nous voyons ces jours-ci ne devrait être par nous-mêmes conçu que comme la première étape d’une longue série de revendications) constitue une bataille de civilisation. Mais aussi une lutte qui marque le solc entre une culture de droite et une culture de gauche, c’est-à-dire entre particularisme et universalisme. 


En effet, dans cette lutte est en jeu le principe selon lequel chaque individu en tant que tel, indépendamment de son appartenance à ce ou cet État, est titulaire de droits.
Ceux qui refusent la régularisation des travailleurs migrants sont en fait en train de rejeter ce principe et de promouvoir des clauses d’exclusion sur la base de la race. Il défend en substance une conception non universelle mais partielle du droit. Et avec elle une conception non universelle mais partielle de l'homme.  


L’universalisme doit constituer le terrain conceptuel et de valeur minimum sur lequel peuvent naître ensuite des controverses, des affrontements et des discussions. Déjà ce terrain est à l’intérieur extrêmement problématique et en soi insuffisant pour empêcher le recours à la violence. Le terrain du particularisme, cependant, non seulement n’empêche pas l’avènement de la brutalité, mais constitue de fait le royaume de la cruauté perpétuelle, le règne de la violence devenue loi.  


Naturellement, l’universalisme constitue un terrain problématique dans la mesure où ses versions abstraites finissent par le renverser facilement dans son contraire (dans un particularisme), de sorte que la même gauche qui embrasse l’Universalité, si elle ne parvient pas à imprimer de la concrétisation à la reconnaissance qui l’innerve, peut se transformer en droite. Et pourtant, nous nous trouvons, au moins sur un plan culturel, déjà à un niveau plus avancé de civilisation quand une gauche doit se battre contre une droite qui accepte, du moins dans les principes, le terrain de l’universel, par rapport à la situation où la gauche se bat contre une Droite qui rejette ouvertement ce terrain. C’est-à-dire, en termes philosophiques, la lutte entre l’universel concret et l’Universel abstrait exprime un niveau de civilisation plus avancé que la luttes entre universalisme concret et particularisme.  


Revenant au contingent, la bataille actuelle en cours pour la régularisation des migrants, représente une bataille progressive (pour affirmer une conception universelle du droit, un concept universel de l’homme et pour défendre en même temps la valeur du travail), mais aussi une sorte de bataille de la vérité, une ouverture soudaine du sipario : En effet, on peut déduire de la manière dont on se pose à son égard l’inclination politique et culturelle de chaque personne, de chaque intellectuel, de tout responsable de parti.
Cette lutte démontre une fois de plus que ce ne sont pas les catégories de « droite » et de « gauche » qui sont idéologiques, mais qu’il devient plus que jamais idéologique celui qui, enveloppé dans une conception du monde post-moderne qui prend les formes et les configurations les plus diverses, se fait l'illusion de pouvoir les transcender.

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