D'Orsi : "Moscou peut servir de médiateur et mettre fin aux deux guerres. L'UE est immobile"

 

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10 Décembre 2023

Angelo D'Orsi

“Putin è più decisivo dell’Europa. Nelle sue mani c’è il destino delle due guerre”. A dirlo il sociologo e storico Angelo D’Orsi.

Quelle pourrait être l'issue de la récente rupture entre l'OTAN et l'ONU ?

Le processus de délégitimation de l'ONU est en cours depuis longtemps. Il a plutôt connu une accélération spectaculaire. Nous savons tous que l'ONU traverse une crise profonde, qui a commencé après 1989. Avec la chute du bloc soviétique, en effet, son rôle d'arbitre a perdu de son sens. Il y a eu un processus par lequel, petit à petit, l'OTAN a essayé de remplacer l'ONU, non plus par la force du droit, mais par le droit né de la force

Donnez un exemple...

Je n'oublierai jamais les propos de Fassino  [secrétaire des Démocrates de Gauche] qui, en 1999, lors de la crise en Yougoslavie, affirmait que l'ONU ne servait à rien et que seule l'OTAN pouvait intervenir.

Pourquoi n'y a-t-il eu qu'une accélération aujourd'hui ?

L'ONU a enfin retrouvé son rôle de garant du droit international, ou plutôt de ce qu'il en reste. Ce qui se passe en Palestine est une démonstration de la nécessité d'une figure institutionnelle pour le garantir. Mon professeur Norberto Bobbio disait que le seul moyen de parvenir à un monde sans guerre, ou avec un nombre limité et contrôlé de conflits, était la présence d'une institution supérieure aux États, comme les Nations unies. Aujourd'hui, c'est comme si l'ONU se réveillait d'une longue léthargie, découvrant, sur la base d'un sentiment commun, la nécessité d'un juge authentique qui bénéficie du soutien de la véritable communauté internationale, qui n'est pas la communauté euro-atlantique. Cette dernière n'est qu'une poignée d'États.

Quel rôle l'Europe doit-elle jouer dans les négociations ?

Elle a manqué une grande occasion avec la guerre en Ukraine. Elle a renoncé à jouer le rôle qu'elle avait historiquement, géographiquement et culturellement dans le passé. La même chose s'est produite au Moyen-Orient. L'UE s'est inclinée devant Washington. Au-delà des deux guerres, l'Europe a cessé de croire en elle-même, en sa propre vitalité. Surtout, elle ne croit pas à son identité, capable de la remettre en jeu parmi les grands de la planète.

Quel sera désormais le rôle de Poutine ? Peut-il être le médiateur inattendu ?

Il peut l'être parce que, contrairement à ce que l'on pense, il révèle sa nature d'homme d'État, sur la base de son cynisme, d'un réalisme poussé à l'extrême. Il n'a en effet jamais rompu avec Israël. C'est pourquoi il a peut-être plus de chances qu'Erdogan, qui a plutôt pris parti, d'être accepté comme médiateur. Il n'est donc pas le dirigeant du Mozambique, mais celui d'une grande puissance. Il a eu la clairvoyance de jouer un rôle d'intermédiaire.

Peut-on dès lors affirmer que les deux guerres pourraient se terminer en même temps ?

Je pense qu'il y a plus d'une possibilité dans ce sens. Sur la base d'une négociation de la division de l'Ukraine, la partie orientale sera stabilisée par la fédération russe, tandis que la partie occidentale finira par rejoindre l'UE et peut-être même l'OTAN. Pour le Moyen-Orient, en revanche, la situation est plus complexe, mais pas totalement impossible. Poutine, par exemple, peut avoir la possibilité de mettre fin aux deux conflits ou au moins de stabiliser la situation.

Mais l'UE veut-elle vraiment la paix ?

Tant qu'il n'y aura pas d'élections ou, mieux encore, tant que Mme von der Leyen ne sera pas écartée, l'intention ne semble pas être de s'engager sur la voie de la paix. L'Europe est sans ligne de conduite. Elle ne dira de mettre fin aux hostilités que lorsqu'elle en recevra l'ordre du président des États-Unis, dont on ne sait d'ailleurs pas qui ce sera. Trump, en termes de paix, a plus de chance qu'un Biden mal en point, des problèmes familiaux à la politique étrangère.

Quant à l'Italie, comment devrait-elle évoluer ?

L'Italie a joué un rôle central dans l'UE, à la fois en tant que fondateur et pour sa capacité de médiation et de pacification, ainsi que pour sa situation géographique particulière. Si l'UE a raté sa chance à deux reprises, en Ukraine et au Moyen-Orient, l'Italie a fait pire, en ne parvenant pas à s'écarter du chemin.

Avec la Russie, le dernier médiateur a probablement été feu Silvio Berlusconi...

De ce point de vue, sa disparition est une perte importante. C'était le seul homme de gouvernement qui disait quelques mots intelligents sur le sujet. Il n'y a pas que l'amitié avec Poutine. Berlusconi a compris que l'Italie ne pouvait pas rompre avec la Russie. Nous en payons les conséquences.


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