Sur les émeutes racistes au Royaume-Uni

 (traduction d'un commentaire Facebook adressé aux lecteurs italiens)

 

Dans les discussions sur les émeutes racistes au Royaume-Uni, on se concentre (à juste titre) sur les canaux d'information alternatifs, gérés par l'extrême droite, qui incitent à la haine et à l'action violente. 


Mais la critique libérale de ces canaux est faible : c'est une critique "envieuse". L'envie d'un élève qui a dépassé le maître.


Que font ces chaînes d'extrême droite ? Elles créent une réalité parallèle par la production massive d'informations fausses et/ou non vérifiées. Et elles invitent à l'action en stimulant le côté émotionnel pour obscurcir le côté rationnel.


Mais souvenez-vous, il y a 25-30 ans ? La Somalie, le Kosovo, la Libye ? Les libéraux n'ont-ils pas fait exactement la même chose ? Ils ont suscité des vagues d'indignation sur la base d'informations qui se sont ensuite révélées fausses ou exagérées. Et c'est sous le coup de l'émotion qu'ils ont déclenché les bombes qui ont tué et détruit sans pitié. Une violence justifiée pour supprimer le mal absolu qui menaçait la civilisation et devait être expulsé de notre monde. 


Il est significatif que l'une de ces bombes soit tombée sur la télévision serbe à Belgrade. La réalité créée par les médias occidentaux ne devait pas être remise en question. L'extrême droite, lorsqu'elle s'en prend à des journalistes "libéraux" (comme elle l'a fait il y a quelques jours), ne fait-elle pas la même chose ?


L'extrême droite britannique fait la même chose : elle suscite des émotions pour provoquer des réactions de haine à l'égard de personnes considérées comme étrangères à la communauté britannique. Elle provoque ces émotions sur la base d'informations inventées ou exagérées, de morceaux de vidéo décontextualisés, de photos truquées.
Et la fameuse "fact checking" ? Au fond, comme les conspirationnistes, les libéraux invitent les gens à s'informer, les accusent d'être ignorants et crédules, et défendent leur réalité de papier comme le font les conspirationnistes de droite.


Si nous n'entreprenons pas de reconstruire une gauche, c'est-à-dire une force politique et syndicale ou des forces qui luttent pour l'égalité nationale et internationale, nous resterons enfermés dans le jeu des libéraux et des souverainistes/fascistes : certains crédules croiront combattre les libéraux en relançant des inepties d'extrême droite (y compris en se lançant dans des querelles pseudo-religieuses à propos de la cérémonie d'ouverture des JO) ; d'autres s'aligneront sur la vérité officielle des libéraux en croyant combattre les souverainistes fascistes, pour finir par soutenir des guerres humanitaires et des guerres sociales contre le travail.


En attendant, que chacun aille se syndiquer et passe son temps à convaincre ses collègues d'organiser une grève la plus longue possible ET que chacun adhère à un parti et porte la voix des travailleurs et le soutien à l'émergence d'un monde multipolaire en faveur du Sud. Ce n'est peut-être pas encore le socialisme, mais ce serait la base sur laquelle le construire. Et ce serait déjà beaucoup.

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